Les mesures envisageables pour une appréciation de la gourde par rapport au dollar .
Toutefois, même si la situation économique du pays est alarmante tout n’est pas peine perdue. En ce sens, bien des mesures sont envisageables. En premier lieu, il convient de mentionner des politiques efficientes pour redresser la balance commerciale. Qui dit redresser la balance commerciale dit mettre en place des structures pour soit augmenter les exportations ou diminuer les importations. D’un point de vue économique, une monnaie faible n’est pas toujours néfaste pour l’économie. Certaines fois, les Etat mènent des politiques de dépréciation monétaire pour lutter contre l’inflation sur les produits nationaux. (Coulomb et al, 2008, p.318). Cette politique peut consister soit en l’augmentation de la masse monétaire en injectant plus de liquidités dans l’économie ou par l’achat de titres d’obligations aux investisseurs sur le marché secondaire ou encore soit en provoquant une baisse des taux d’intérêt. Car, un taux de change bas signifie que les produits nationaux sont moins chers et donc profitable pour accroitre les exportations ce qui peut contribuer à relancer l’activité économique. (Ibid p.318). Cependant, dans le cas d’Haïti ce mécanisme semble être différent. Parce qu’on constate que malgré la dépréciation continue de la gourde, l'activité économique continue de reculer. Ceci est dû en particulier à la faiblesse du système de production en Haïti. Malgré qu’un taux de change bas peut être bénéfique pour les exportations, l’appareil de production haïtienne n’est pas équipée pour produire à grandes échelles d’où l’inefficacité d’une politique orientée vers une augmentation des exportations surtout pour le court terme car équiper le pays de machines adéquates requiert du temps et des ressources considérables.
Réduction du volume des importations
Du coté des importations, on
constate que la majeure partie des importations haïtiennes sont des produits de
première nécessité tels que des vêtements, des produits alimentaires ( riz,
viande), des huiles lesquels on achète soit aux USA, soit en
république Dominicaine en particulier. (ReliefWeb, 2022). Du coup, malgré
l’augmentation [continue] du prix des produits étrangers on
est quand même obligé de recourir aux devises étrangères. Ainsi une
politique d’appréciation de la gourdes peut consister en la diminution des
importations. C’est un processus qui fait appel à l’augmentation de la
production pour satisfaire les besoins primaires. Produire des biens comme le riz, les vivres, les fruits et
pratiquer l’élevage intensif pourront apporter des résultats étonnants car ils
rendront le pays moins de dépendant des USA et pourront permettre à la gourde
de s’apprécier. Ceci nécessitera moins de ressources que s’il était question de
produire pour l’étranger.
Diversification de nos partenaires commerciaux
En second lieu, une autre politique de lutte contre la dépréciation de la gourde par rapport au dollar peut passer par la diversification de nos partenaires commerciaux. Car comme l’affirme Coulomb et al (2008) : « Au cours, d’une même période, une monnaie peut s’apprécier par rapport à certaines devises et se déprécier par rapport à d’autres. [1]» (p.300). Cette mesure fait appel à la force diplomatique haïtienne. S’il est vrai qu’on est dépendant des USA pour certains produits, rien n’oblige le pays à importer que des USA. A ce titre, pourquoi continuer d’acheter des produits chez Les USA au taux de change de 1$ = 102,57 gourdes (février 2022) alors qu’on pourrait acheter ces mêmes produits par exemple au Brésil à meilleur prix surtout au taux de change 1 real = 19,07 gourdes (février 2022) (BRH, 2022). Toutefois, il est bon de noter que dans le cas d’Haïti et des USA, les autorités ne peuvent pas se lever du jour au lendemain et changer de partenaire commercial car il existe des accords commerciaux et politiques déjà existants qu’il faudrait revoir. D’où l’importance d’une diplomatie assez forte.
Politique fiscale et budgétaire
En dernier lieu, l’Etat peut
mener une politique fiscale et budgétaire pour rendre les produits nationaux plus compétitifs.
Par exemple, si on prend le cas du riz. C’est l’un de produits les plus importés
en Haïti alors que c’est l’un des biens qu’on produit en Haïti mais à un coût nettement supérieur qui fait que les
consommateurs sont plus intéressés par les produits étrangers. Donc, l’Etat
pourrait octroyer des subventions aux agriculteurs et améliorer leur système de
production en mettant en place surtout des techniques modernes et des systèmes
d’irrigation. Puis, l’Etat en tant que régulateur sur le marché pourra
intervenir par la taxation pour décourager
les gens à acheter le riz importé.
Tout compte fait, on comprend que la dépreciation continue de la gourde par rapport au dollar est en grande partie liée à la faiblesse du système de production nationale. Ceci fait que le pays accuse toujours un déficit commercial constant car pour satisfaire les besoins primaires, le pays importe sans pouvoir vendre pour combler le vide. Ainsi, on a pu comprendre qu’une politique efficiente doit être menée vers une réduction des importations par la production des biens de consommations primaires, vers une diversification de nos partenaires commerciaux et par la mise en application d'une politique fiscale de manière à diminuer la pression exercée sur le dollar. Ce qui met en exergue l’importance du renforcement de notre diplomatie et de l’Etat. Ainsi, ne peut ont insinuer qu’une reforme générale des institutions haïtiennes est l’un des premiers pas vers la résolution de certains problèmes économiques actuels ?
[1] Coulomb, F., Longatte,
J., & Vanhove, P. (2008). Economie Manuel et applications (Dunod).(p.300)
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