« Le taux de change c’est la valeur (le prix) d’une monnaie exprimée dans une autre monnaie[1].» (Coulomb et al, 2008, p.299). Il est extrêmement important pour le commerce extérieur d’un pays puisqu’il affecte toutes les transactions internationales. Plus une monnaie sera demandée sur le marché, plus elle gagnera en valeur et plus elle apportera de la valeur ajoutée à son économie maitresse (Ibid). (Retrouvez plus d’infos sur le taux de change en cliquant ici).
Cependant, on constate que depuis 2015, la gourde ne cesse de perdre de la valeur par rapport au dollar. On a pu constater qu’il fallait 47,14 gourdes pour acquérir un dollar américain en février 2015 puis, 5 ans après, soit en février 2020, on avait besoin d’environ 94 gourdes, enfin le 6 février 2022 le taux de change était évalué à 102,57 gourdes pour un dollar. (BRH, 2022). Une variation de plus de 115% en 7 ans. Cette situation s’accompagne non seulement d’une hausse générale des prix de plus de 24,6% en 2022 (BRH, 2022), mais aussi elle entraine une rareté chronique du dollar puisque les agents préfèrent effectuer leurs transactions en gourdes (Monnaie devenue instable et imprévisible) et épargner en dollar. Ce qui contribue encore à accroitre la dépréciation de la gourde. Des mesures comme par exemple limiter les importations et relancer la production ont été souvent évoquées comme moyen pour peaufiner l’image de la gourde par rapport au dollar, mais elles sont surtout envisageables pour le long terme. De ce fait, on se demande quelles seraient les mesures efficientes et efficaces pour renverser la situation ? Pour ce, dans notre démarche on verra dans un premier temps les causes de la dépréciation de la gourde avant de proposer quelques mesures qui pourraient conduire à une appréciation de la monnaie nationale.
Balance commerciale déficitaire
Le poids d’une monnaie sur
l’échelle internationale dépend de la quantité de pression exercée sur
celle-ci. C’est la simple loi de l’offre et de la demande qui est appliquée
dans ce cas. Cette loi stipule: lorsque la demande dépasse l’offre le prix augmente.
(Aghion et al, 2010, p.9). En d’autres termes, plus une monnaie sera demandée
plus son prix va augmenter et donc, plus son taux de change par rapport aux
autres monnaies va augmenter. Mais, qu’est ce qui conditionne l’offre et la demande
de monnaie ? Tout d’abord, on va considérer l’exportation et
l’importation. Les échanges de biens avec l’extérieur conduisent à des
paiements internationaux et mettent en exergue la confrontation de différentes
monnaies entre elles[2]. Aussi,
devant l’inexistence d’une monnaie
internationale unique, il est nécessaire de mettre en place un mécanisme (le
taux de change) permettant d’échanger les monnaies entre elles. Plus un pays exporte,
plus sa monnaie sera demandée parce que les importateurs auront besoin de la
monnaie de l’exportateur pour régler le compte de celui-ci. Ce n’est pas sans
raison que l’une des monnaies les plus fortes est le dollar Américain puisque
les USA est le deuxième plus grand exportateur
au monde soit plus de 1,4 milliard de dollar en export en 2020 (Statista, 2022) . Et que plus de 88% des échanges quotidiennes sont réalisées en dollar (CMC
Markets, 2022).
Donc, pour qu’une monnaie prenne de la valeur, il faut que l’économie connaisse une balance commerciale positive ce qui signifie qu’elle doit exporter plus qu’elle n’importe. Parce que lorsqu’elle exporte sa monnaie est demandée, mais lorsqu’elle importe sa monnaie est offerte. En outre, si on se base dur les données fournies par la BRH (2022), on constate qu’en Haïti, le pays connait une balance commerciale toujours déficitaire. Un déficit de plus de 3 millions de dollars en 2019 (Importation 4 197,52 millions $US et exportation 1200 $US) et de plus de 2 millions en 2020 (Import : 2762,57 millions, Export : 720.99). Même les besoins primaires sont satisfaits par des biens provenant en majeure partie des USA. Chaque année, le déficit se creuse, puisque qu’avec l’insécurité généralisée plusieurs entreprises ferment leurs portes, ce qui fait moins de produits prêt à être exportés alors qu’on est quand même obligé de recourir à l’importation pour nous nourrir, nous vêtir, etc...
L'inflation
Ensuite, on peut mentionner la hausse généralisée des prix dans l’économie. Evelyne Delorme (2016) eut à dire : « Si dans un pays il y a une forte inflation il faut de plus en plus de monnaie nationale pour acheter un produit soit national ou étranger[3]… » En effet, depuis plusieurs années, l’économie connait un taux d’inflation à deux chiffres. Soit de l’ordre de 17% en février 2019, 20,8% en février 2020, 17.9% en février 2021 et de 24,6% en janvier 2022. (BRH, 2022). L’inflation présente sur le sol national fait aussi que les produits nationaux sont moins compétitifs que les produits étrangers. Par exemple, pourquoi un agent économique rationnel achèterait un bien produit en Haïti qui coute 2 fois plus cher qu’un autre venant des USA? Donc, non seulement on est obligé de faire pression sur le dollar pour satisfaire nos besoins, mais l’inflation galopante fait qu’on doit encore offrir plus de gourdes pour régler les transactions.
La suite de l'article ici
[1]Coulomb, F., Longatte, J., & Vanhove, P.
(2008). Economie Manuel et applications (Dunod).(p.299)
[2] Le change ! Comprendre
son mecanisme. (2022). Le change ! Comprendre son mecanisme. ~
Eco-Explique.
https://eco-explique.blogspot.com/2022/02/le-change-comprendre-son-mecanisme.html
[3] Delorme, E.
(2016). DETERMINANTS DU TAUX DE CHANGE (1°. Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=gd5ZgvdMZ34
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